De Bordeaux à Léognan en passant par Uzeste, Saint-Médard-d'Eyrans, Podensac, Sauternes et Martillac, ce ne sont pas moins de huit concerts de musique baroque qui ont permis de fêter en grand le 15ème anniversaire du festival Festes Baroques.

Associé à des lieux prestigieux et des propriétés viticoles qui offrent en même temps des dégustations de leurs vins, ce festival est unique en son genre sur le territoire, créé et toujours placé sous la direction artistique de Xavier Julien-Laferrière. (1)

Cette édition si spéciale du festival s'ouvrait cette année-là dans le salon de la Villa 88, avec le jeune talentueux claveciniste Jean Rondeau.

Exprimer leur liberté d'interprètes dans le cadre strict des codes de l'époque, telle est la difficulté que ressentent les jeunes instrumentistes en abordant la musique ancienne. Jean Rondeau a, de toute évidence, brillamment résolu ce problème, si tant est qu'il l'ait jamais connu! Tout comme il fait cohabiter une chevelure ébouriffée et une barbe soignée, il peut tenir en suspens hors du temps telle note ou telle autre Prélude du premier recueil de Rameau sans jamais couper le fil du discours.

Il arpège très librement les accords de la Sarabande du troisième recueil tout en respectant le balancement de la danse à trois temps. Il garde une pulsation inflexible dans les variation de la Gavotte qui suit, malgré le déluge de gammes en doubles croches dont il exalte le caractère débridé. 

Bien sûr, pour pouvoir ainsi concilier rigueur et imagination, il faut des doigts qui se soumettent à la volonté : ceux de J. Rondeau obéissent sans barguigner, comme il le prouve encore dans la virtuose Marche des Scythes de Pancrace Royer, qui obtient le même succès que Les Sauvages de Rameau. L'obscurité a fini d'envahir le salon de la Villa 88, à l'acoustique idéale pour un tel récital.  Assis en demi-cercle autour du clavecin, les auditeurs n'avaient pas beaucoup d'efforts à faire pour se croire transportés dans le salon de Monsieur de la Pouplinière... (2)

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